4/15/2006

barbecue dans mes chiottes

dans la cuvette des chiottes les grillons morts s'amoncellent. j'en vois un sur le sol de la salle de bain, sur le dos. il est long, noir, grand comme la main, immobile. alors que mon urine gicle sur le tas de grillons l'un d'eux se réveille et me saute à la main. ses mandibules plantent le muscle sans douleur. je le vois recommencer, plonger ses mâchoires luisantes dans ma chair, et je manque me pisser dessus. j'agite la main pour m'en débarrasser mais rien à faire. je décide de lui couper la tête. il lâche prise, j'observe la section rouge briller d'où aucun sang ne coule. son corps sec s'échoue mollement dans la cuvette sur les corps morts de ses frères infâmes. je tire la chasse et j'attends : l'eau lave l'email et s'évacue, mais lorsqu'elle remonte c'est pour charrier les mêmes cadavres souillés. l'amas stagnant laisse une trace brunâtre sur l'émail blanc. à mes côtés dort une fille qui s'appelle diane ou jeanne. je me lève la tempe battante et les mains moites. j'essaie de ne pas marcher sur tous les détritus qui jonchent le sol de l'appartement. mon effort est tel que je n'entends pas la voix de ma mère qui me dit reprends-toi.

4/07/2006

état d'ame et ta soeur

la seule femme qui m'ait jamais aimé n'est plus là pour me dire molo sur le sirop. à chaque verre j'espère la faire revenir pour qu'elle arrête mon geste. je sens presque sa main, elle n'est pas loin, elle va peser sur mon bras, allez, allez allez allez. au prochain coup peut-être ? si je bois, c'est pour arrêter de boire finalement. comment cesser quelque chose qui n'existe pas ? au moins je sais que puisque je bois il est possible, il est envisageable, disons il existe peut-être une succession d'éléments qui alignés dans l'ordre comme des bons petits soldats du hasard vaincront le dernier geste. si je ne buvais pas, aucun espoir d'arrêter. arrêter est ma chimère, mon utopie, cet horizon qui me sourit. à qui dit-elle ses mots doux aujourd'hui ?

4/02/2006

livrés à nous-memes

mon libraire va déposer le bilan. c'est une page qui se tourne. oh le jeu de mot est facile, la réalité l'est beaucoup moins. quand il y a quelques années mon libraire avait traversé une période financièrement difficile, un client l'avait sorti de la mélasse en lui prêtant 100 000 francs. c'était l'époque où l'on prêtait des francs, et où on en prêtait 100 000 à un libraire qu'on aimait bien. je n'ai pas 100 000 francs, ni même les quelques euros qui lui redonneraient courage. il ne me les a pas demandés, et je n'ai même pas pu les lui proposer par politesse. à force d'avaler trop de liquide je n'ai plus assez de liquide pour éponger les dettes de mon libraire.
il lui reste un mois à tenir avant que la situation ne devienne critique pour ses fonds propres. après, je lui paierai un verre, on verra.

4/01/2006

chambre à toucher

avez-vous déjà couché avec une fille sans coucher avec elle ? j'en étais sûr. moi oui. en plus elle s'appelait linda.
un 14 juillet arrosé, la chambre à coucher d'un ami, une fille amoureuse, ne me demandez pas pourquoi. j'étais encore jeune et elle moins vieille encore. nous avons passé la nuit collés l'un à l'autre. je me souviens bien de linda sur moi, et moi cynique au point de passer mes mains sur son corps sans jamais oser toucher ses seins.
quoi que vous en pensiez, sachez que je suis d'accord. j'ai caressé linda qui aimait bien ça, et dans ma débilité d'ado mes mains s'arrêtaient chaque fois à la frontière de son soutien-gorge. un soutien-gorge peu rempli mais tout de même. les seins de linda, je les ai imaginés frais, les tétons roses, pendant toute une nuit, mais je n'en ai jamais rien su. je n'ai su que la peau souple, douce. le bassin tendre. elle m'a dit que j'avais une grosse langue, c'est vrai que la sienne était adorable. je pensais être super fort, me contrôler à 100% malgré l'alcool et une érection spectaculaire impossible à masquer. j'ignore encore pourquoi j'ai fait ça. j'avais cédé à linda alors que je m'y étais refusé jusque là. peut-être les éclats du feu d'artifice. elle m'avait déclaré sa flamme en me tendant un briquet bien que je ne fumasse pas. je m'étais dit "que c'est con".
une nuit à caresser une fille qui ne demandait que ça sans jamais franchir les frontières stupides de la morale. cette nuit-là j'ai pensé que mon esprit l'avait emporté sur mon corps, belle connerie. conclusion, un lendemain sans rien de neuf sous le sommeil, une fille frustrée et un mec prétentieux de plus.
il m'aura fallu du temps pour comprendre que sous prétexte de la respecter je ne respectais que moi et ma pruderie mal placée. que j'avais râté l'occasion d'un plaisir, pire, d'un bonheur. qu'un ado ne sait rien quand il croit tout savoir et que les filles sont plus fortes que lui. je me méfie depuis des 14 juillet.