7/11/2017

Lit, masse

C'est dingue en fait le nombre de trucs qu'on fait pour une fille, sans même s'en rendre compte. Et puis quand elle vous refuse, ou vous quitte, tout s'évapore. On se retrouve avec un grand vide en guise de jours, et se révèle en creux toute la structure qui vous tenait. L'effondrement est assez total, et c'est bien la preuve qu'avant, vous vous teniez pour elle. Elle donne un sens, une droiture à votre vie. Vos journées vont dans un sens précis dont elle est le cap. Sans y prêter attention de nombreux détails, des réflexes, des habitudes, des opinions mêmes n'existent que parce qu'elle y tient, et parce que cela vous permet d'être en relation avec elle. D'être dans son monde. De le découvrir, et de la découvrir, elle. Et puis du jour au lendemain, ou juste le temps de comprendre qu'il faut lâcher prise, plus rien. Il faut alors tout réinventer, gratter le sol pour trouver du sens quelque part, ou quelque chose. Se relever, quand bien même ça aurait un intérêt. Tenez par exemple, moi pour A. : - je me levais, et me forçais un peu à aller bien. Après tout, elle était là, quelque part pas si loin, accessible d'un mouvement de main. Ca donnait du beau aux jours. - j'ai écouté des chansons qu'il ne me serait jamais venu à l'idée d'écouter. Mais plus encore, j'ai aimé ces chansons. - j'ai regardé plusieurs épisodes d'une série bizarre, mais qu'elle aimait. Je me suis demandé ce qu'elle y aimait, et j'ai à mon tour aimé ça. - je faisais du sport. Pour mincir, être viril, être beau, qu'elle soit fière de me voir, et potentiellement de me présenter autour d'elle. - j'avais une faim d'entreprendre, de construire quelque chose, un projet, un soleil à suivre qui frappait mon front et me rendait fier. Des envies de voyages, de vacances de rêve aux Bahamas dans une villa sur pilotis, eau claire et poissons dorés. Je n'écoute plus les chansons, je n'ai pas terminé cette série. Ce ne sont pas de mauvaises chansons ni une mauvaise série, mais elles m'ennuient, je les regarde chuter devant moi comme des masses mortes. Elles n'ont aucun sens. Leur intérêt était ailleurs et cet ailleurs a disparu. Avec lui toute cette structure quotidienne, toute la routine de la musique et de la télé. Toute la vie. J'ai arrêté le sport. Je laisse mes muscles s'enfoncer dans mon lit comme si rien ne m'obligeait à me lever demain. D'ailleurs, rien ne m'y oblige, je n'ai plus de projet valable, plus de voyage en tête qui ne me semble triste, dérisoire, stupide en vérité. Toutes ces envies se sont tous effritées, poussière désuète. Comme un rêve au matin. Je ne suis plus dans aucun futur, je suis dans l'instant et cet instant désormais est vide.

7/10/2017

Goodbye, dark sky

Une bonne journée. Déjeuner avec un excellent ami retrouvé par hasard. Se dire des choses vraies et nobles. Sentir le bonheur de partager quelque chose d'élevé. Se souvenir des moments importants. Je tire de notre expérience amicale une vraie fierté, une énergie vive. Puis retrouver des clients que j'aime bien. Bosser pour eux, avec eux, c'est passer un bon moment. Être bon dans ce que l'on fait et en recevoir la gratification, c'est agréable. Ca m'apaise. Puis, prendre un verre avec eux, puis deux, parler de tout autre chose que du boulot. Boire du vin, du bon, du Bourgogne, un second verre, pourquoi pas un troisième. Se parler franchement, comme ce midi. C'est une journée franche, comblée, qui pourrait être sereine. Haine, ma sereine, ne vois-tu rien venir ? Je rentre chez moi vers 22h. Le ciel est encore clair. Une heure auparavant je m'étonnais de ce ciel pur, de la lumière nette du jour. C'est une journée qui s'installe, qui dure. Une journée qui est bien là, et qui n'a pas l'intention de bouger. Elle prend son temps, on ne peut rien lui dire malgré les averses torrentielles. Une journée qui s'affirme. Arrivé dans mon studio je fais deux ou trois conneries avant de me décider à me foutre au lit avec une série tv sur mon ordinateur. Je baille rapidement. Je joue avec mon téléphone. Je vérifie mes messages. Rien. Je prends conscience d'un coup qu'il m'a fallu deux minutes, à peine, au terme de cette belle journée, pour que la tristesse surgisse. Sitôt claquée la porte du studio. Sitôt seul dans le couloir. Tout seul. Dans un studio que je n'habite que temporairement, dont je n'ai pas touché à la moindre déco, que je ne me suis pas du tout approprié. Je ferme l'écran du MacBook Air. Je pousse le bouton de l'halogène. Il fait tout de suite noir. Tout m'échappe. Il faudrait que j'appelle quelqu'un. Déranger quelqu'un. L. ne m'a laissé aucun message. J'ai totalement merdé notre relation. Je culpabilise. Je refais l'histoire. Tout est triste. Je suis paumé, tout seul dans ces draps qui ne sont pas les miens. Je tapote l'oreiller. Bonne nuit, vie de merde. Et je ne m'endors pas.