6/10/2008

de l'immobilité et des rouages écarlates

peu importe alors qu'on ait fait l'amour ou pas : je reste alangui. dehors me berce la rumeur d'une voiture qui passe. il y a le bruit de la douche, et sous la douche j. chante. elle ne chante que pour elle. ni juste ni mal ni faux. j. chante tendrement.
du lit j'entends la porte de la douche qui s'ouvre, le froissement d'un linge. un robinet, ouvert, fermé. j. fredonne. elle pense peut-être que je dors. ses pas nus sont légers sur le parquet. il n'y a ni musique ni radio, juste par la fenêtre ouverte sur l'été la ville qui bruisse, et ce chant charmant.
enfin j. entre dans la chambre. elle a enroulé ses cheveux dans une serviette blanche, mais une mèche s'échappe le long du cou. elle goutte lentement sur son épaule. sinon, elle a une culotte, blanche aussi, parfois grise, ou rose que j'aime bien, avec une jolie dentelle autour des échancrures. je craque régulièrement pour la culotte rose à dentelle. elle pourrait me faire tourner fou, un beau jour.
j. ne me regarde pas, moi je la vois, son ventre tend l'élastique du slip. je sens d'ici comme ce ventre est chaud, et comme dedans tout est admirablement placé. la machine humaine j. est un miracle en soi qui me fascine. comment une architecture aussi complexe peut-elle à la fois fonctionner avec une telle précision, et être si beau ?
derrière c'est une cambrure inimaginable, sincèrement je pense que ça devrait être interdit. si au moins c'était interdit, alors je deviendrais enfin un hors-la-loi et je déroberais la cambrure et sa propriétaire au musée de sa pudeur. nous fuirions vers l'italie et ce serait terrible, bouillant et terrible.
il y a ces reins, c'est scandaleux. je fais un effort considérable pour ne pas bouger. idéalement il faudrait au premier instant se lever, tendre la main pour toucher, caresser, attirer vers soi, renverser sur les draps, et aimer. il existe une sensualité plus acérée qui, dans l'immobile contemplation, subtilise d'indiscrètes voluptés. ce n'est pas ma main qui caresse maintenant ces seins souples, mais c'est un moi plus entier encore, un moi qui bat de toute sa chair et qui vibre dans un regard caressant. bien sûr je pourrais devenir fauve, et nous aimerions ça aussi, ce serait bon. ce serait féroce et goulu. contenir, retenir, et savourer au palais la puissance ravageuse qui s'écoule goutte à goutte devant ces reins. ces cuisses lisses, ces pieds qui forment avec le sol un angle droit bien surprenant quand j'y songe.
j. passe un t-shirt, ses seins sous la toile tiennent seuls et tout ne tient qu'à moi. je ne bouge pas. douce, suave contemplation. cheveux lâchés maintenant, ils glissent lourds et encore gorgés sur ses épaules, l'eau brosse sur le t-shirt de soyeuses lacérations.
les myriades de grains bruns qui bruinent les bras de j., voici encore une euphorie. penser à les compter, une nuit. je m'émerveille souvent devant la beauté de cette carte d'un ciel d'or. comme de l'harmonie empirique d'un bras qui se finit par une main fine, orfèvrerie impensable et précieuse. le jeu des articulations, le cartilage lisse, os, tendons, les muscles sous la toile de peau rangés si parfaitement. plus encore que le dessin, c'est la réponse exacte d'un membre aussi fragile que j'admire naïvement. les tensions et détentes des rouages. de l'épaule à l'ongle, chaque bras de j. mérite un livre.
puis j. me regarde. toujours, cette petite chanson que je ne reconnais pas. je la regarde, elle me sourit, et à quatre pattes saute sur le lit.
- je suis toute propre.

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